Article de Geoffrey Charpille | Photos de Babacar Paviot-Diasse
C’est sûrement l’un des clubs qui progresse le plus ces dernières années. Depuis trois ans, le Basket Paris 14 se fait un nom en Île-de-France. Si les défis sont encore nombreux pour cette organisation, les dirigeants ont fait de la féminisation du club l’une de leurs priorités.
23%. C’est le pourcentage de joueuses au Basket Paris 14. Soit 160 sur 692 licenciés (au 19/12/17). « On voudrait que ce chiffre augmente encore plus, mais il est très encourageant, car depuis trois ans il est en constante progression », analyse Michael Alard, le Directeur Technique du club.
La structure sportive avait essayé de mettre en place des U11 féminines l’an dernier. « Pour des raisons diverses, cela n’a pas été une réussite, mais cette année, il y avait une réelle volonté de renouveler cette expérience », poursuit l’ancien joueur de Gennevilliers.
C’est ainsi que le Basket Paris 14 peut se targuer d’avoir des catégories féminines en U11, U13, U15 et U17 cette année. « Pour l’instant, les U17 ne sont pas en compétition, mais on va changer ça en janvier. Pour le reste, on s’inscrit vraiment sur du long terme. On aimerait garder nos filles des U11 jusqu’aux seniors, les fidéliser », explique Laurent Heraud, le responsable du pôle féminin, également en charge des catégories U13 et U15 filles.
Un discours qu’acquiesce Jonathan, coach des équipes Seniors filles 1. Passé par de nombreux clubs ce dernier entraîne un groupe de 18 joueuses en Seniors. « On a la volonté de jouer le haut du tableau et les premiers rôles. L’équipe a loupé la monté pour pas grand-chose les dernières années. C’est dommage. Cette saison, on a un groupe qualitatif et quantitatif, ce qui est une très bonne chose. C’est encore trop tôt pour qu’on annonce des objectifs de montée. On essaye surtout de progresser. » (À mi-saison les SF1 sont en tête du championnat Pré-Régional avec 7v-1d).
« On veut offrir le même service aux gars et aux filles »
Mais avant de penser aux catégories âgées, le club souhaite fidéliser ses jeunes joueuses. Voire même d’en avoir encore plus. « Bien sûr qu’on souhaite impliquer tout le monde. C’est une volonté rare à Paris. On a fait le pari de ne pas faire de choix entre les différents sexes. On veut impliquer tout le monde et que tout le monde soit sur la même longueur d’onde. On veut offrir le même service aux gars et aux filles », détaille Michael Alard.
Seul club du XIVe arrondissement, le Basket Paris 14 n’hésite pas à se rendre dans les écoles primaires pour faire des interventions et faire découvrir le basket. Une démarche qui n’est pas toujours couronnée de succès comme le raconte Jonathan. « Malgré notre investissement humain et logistique important l’année précédente, nous avons pu mesurer toute la difficulté de faire passer des enfants d’une pratique scolaire à une pratique associative plus fréquente et plus exigeante. Particulièrement dans les milieux sociaux défavorisés, les démarches ne sont pas simples et l’école doit rester le maillon permettant de faire le lien. Le prochain objectif est de travailler en collaboration avec le collège Alberto Giacometti. » Pour l’instant, Laurent Heraud souhaite créer « une véritable ambiance club avec les jeunes filles et dans toutes les catégories. »
On s’inscrit sur du long terme. On aimerait garder nos filles de U11 jusqu’aux seniors.
« Être dans une équipe de basket, c’est comme une deuxième famille »
Capitaine des Seniors Filles 1 en Pré-Régional, Sandra Menasri connaît bien le problème de la fidélisation des adhérents au sein d’une association sportive. Celle qui pratique le basket depuis l’âge de 14 ans « après avoir essayé tous les sports » voit « le basket comme une deuxième famille. On a nos copines de l’école, du travail, mais au basket, c’est comme si on avait une deuxième famille avec un deuxième papa qui est le coach. Il y a une véritable ambiance. On rigole, on s’amuse, on progresse, on se dépense avec nos amis. C’est vraiment une longue aventure, car la saison dure en moyenne 9 mois (…) Se battre dans un but commun, c’est très prenant. C’est le sport idéal. On essaye de mettre toutes les individualités au service du collectif. »
Un collectif, qui, dans l’idéal de Jonathan, serait le plus stable possible d’une année à l’autre. « L’objectif, c’est de garder un maximum de joueuses année après année. On n’est pas dans une politique de recrutement. Puis on réfléchit sur du long terme, donc dans le futur, si l’équipe fanion féminine pouvait être constituée de filles formées au club, ce serait top. D’où l’envie de faire progresser et augmenter notre nombre de licenciés en U11, U13, U15 et U17. »
Fidéliser et recruter : les deux objectifs
Toujours dans une idée de partage et de convivialité, le club souhaite bien sûr recruter de nouvelles adhérentes, mais également fidéliser celles qui sont déjà présentes. « C’est ainsi que le 10 janvier sera organisé une rencontre entre toutes les catégories féminines du club pour partager un goûter, faire différents ateliers et pour que tout le monde se parle », annonce Michael Alard. La remise de nouveaux maillots pour les U11 filles rentre dans cet objectif, tout comme l’envie de participer à un tournoi à Bordeaux en fin d’année pour les Seniors filles.
Les jeunes licenciées pourront également rentrer sur le parquet du club de Nanterre 92 avec les joueurs professionnels lors d’un match officiel. Et Laurent Heraud estime que « ça fait un effet boule de neige. Les filles, elles seront heureuses, elles vont en parler à leurs copines et on aimerait que ces copines rejoignent le club. Par exemple, on a organisé un Centre Génération Basket lors de Pâques 2016 et en novembre 2017, il y a une U17 qui est venue s’inscrire chez nous car elle a eu écho du basket féminin chez nous. C’est notre objectif. » Un objectif conjugué à la première personne du pluriel, ce qui remet au centre du débat l’esprit d’équipe du club et plus généralement du basket féminin comme le rajoute Sandra Menasri. « Nous, les filles, on est moins athlétiques que les garçons. On est obligés de partager le ballon et de se faire plus de passes pour trouver une solution. Dans le basket féminin, la notion du collectif prend tout son sens. » Un sens que le BP14 aimerait bien prendre de plus en plus.
Article de Geoffrey Charpille | Photos de Babacar Paviot-Diasse